résumé
Dilemmes relationnels | Solutions pratiques |
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Tension entre authenticité et désir de plaire en début de relation, créant une période d’angoisse et de doutes | Identifier ses valeurs non-négociables et dévoiler progressivement ses particularités pour établir une connexion authentique |
Conséquences néfastes du « caméléon relationnel » qui s’adapte excessivement aux attentes du partenaire | Pratiquer la communication non-violente pour exprimer ses besoins sans culpabiliser l’autre |
Frustration croissante et comportements passifs-agressifs résultant d’une inauthenticité prolongée | Accepter que le début de relation soit inconfortable et relativiser cette phase de découverte mutuelle |
Risque de dépendance affective lorsqu’on attend de l’autre qu’il comble son vide intérieur | Cultiver l’amour de soi comme fondement essentiel à une relation équilibrée et épanouissante |
Recherche d’équilibre entre être soi-même et ménager l’autre dans la construction relationnelle | Développer son autonomie affective pour voir le partenaire comme un complément et non une nécessité |
Faut-il être soi-même ou se vendre un peu en amour ? Cette question m’a toujours taraudée au début de chaque nouvelle relation. Entre l’envie d’être authentique et la peur de faire fuir l’autre en dévoilant trop vite mes petites bizarreries, j’ai longtemps navigué à vue. Si tu te poses cette question, sache que tu n’es pas seul(e) dans ce bateau à la dérive sur l’océan des sentiments.
Être soi-même en début de relation, c’est angoissant !
Le premier mois avec Louis, j’étais une version améliorée de moi-même : toujours de bonne humeur, mystérieusement absente quand je sentais un rhume pointer son nez, et capable de feindre un intérêt pour ses documentaires sur la Seconde Guerre mondiale. Ce petit jeu de rôles était épuisant. Comme si j’étais en représentation permanente, à surveiller mes mots, mes gestes, mes réactions.
Je ne suis pas la seule à avoir vécu cette situation. De nombreuses personnes éprouvent des difficultés à rester elles-mêmes en début de relation amoureuse. Les premiers mois sont souvent marqués par des doutes, de l’auto-sabotage et des angoisses qui peuvent sembler insurmontables.
Pourquoi est-ce si difficile ? Parce que nos peurs du passé et les fantômes de nos relations précédentes reviennent nous hanter. Cette période d’ajustements dure généralement la première année, où l’on se demande constamment si l’on peut vraiment être soi-même sans risquer d’être rejeté.
Comme me l’a confié mon amie Virginie, 32 ans : « J’ai passé les six premiers mois de ma relation à cacher que je ronfle, à prétendre aimer le football et à éviter de mentionner ma passion pour l’astrologie. C’était comme jouer un rôle dans un film dont je ne connaissais pas le script. »
Il est important de comprendre qu’un début de relation est par nature inconfortable, et c’est tout à fait normal. Tu découvres l’autre, l’autre te découvre, et vous apprenez ensemble à danser sans vous marcher sur les pieds.
Les conséquences de ne pas être soi-même en amour
Se façonner pour plaire à l’autre, c’est comme porter des chaussures trop petites : au début c’est supportable, mais à la longue, ça fait terriblement mal. Devenir un « caméléon relationnel » conduit inévitablement à s’oublier complètement.
J’ai passé une année entière à prétendre adorer les soirées entre amis de mon ex, alors que je suis plutôt du genre soirée cocooning. Résultat ? J’ai développé des comportements passifs-agressifs : « Non, non, ça ne me dérange pas qu’on sorte encore ce week-end » (dit en soupirant bruyamment). Pas très mature, je l’admets.
Voici les conséquences concrètes de cette inauthenticité :
- Une frustration grandissante qui s’accumule jour après jour
- Des comportements passifs-agressifs qui empoisonnent la relation
- Une tendance à devenir maussade et à saboter les moments partagés
- Un sentiment d’étouffement et de perte d’identité
- Une tension constante liée à l’effort de maintenir une façade
Si tu te reconnais dans cette insatisfaction constante face aux personnes que tu rencontres, c’est peut-être que tu n’oses pas être toi-même, ou que tu ne laisses pas l’autre être authentique.
Comportement | Conséquence à court terme | Conséquence à long terme |
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Se montrer comme on pense que l’autre nous veut | Sentiment de sécurité, évitement du rejet | Épuisement, frustration, ressentiment |
Être authentique avec ses forces et faiblesses | Risque de rejet, vulnérabilité | Relation sincère, connexion profonde |
Camoufler ses besoins et limites | Évitement des conflits | Accumulation de frustrations, explosion |
Pistes pour rester soi-même tout en séduisant
Après des années de dates plus ou moins catastrophiques (comme ce gars qui m’a fait un cours de deux heures sur la fermentation du kombucha), j’ai compris quelque chose d’essentiel : l’authenticité attire les bonnes personnes et repousse celles avec qui ça n’aurait pas fonctionné de toute façon.
Voici mes conseils en 4 étapes pour être toi-même sans faire fuir ton crush :
- Fais le point sur tes valeurs non-négociables : Identifie tes 3 piliers identitaires qui resteront prioritaires quoi qu’il arrive. Pour moi, c’est ma liberté d’expression, mon besoin d’équilibre entre socialisation et solitude, et mon amour des animaux.
- Introduis progressivement tes « particularités » : Tu n’es pas obligé(e) de dévoiler dès le premier rendez-vous que tu collectionnes les timbres soviétiques ou que tu parles à tes plantes. Laisse découvrir ces facettes de ta personnalité au fur et à mesure.
- Pratique la communication non-violente : Exprime tes besoins sans accuser l’autre. « J’ai besoin de moments seul(e) » passe mieux que « Tu m’étouffes ».
- Relativise les débuts de relation : Rappelle-toi que vous êtes en phase de découverte mutuelle et que vous choisissez l’autre autant qu’il/elle vous choisit.
J’ai appliqué ces principes lors de ma rencontre avec mon compagnon actuel. Dès notre troisième rendez-vous, j’ai osé lui parler de mon besoin de solitude et de mes angoisses sociales. Sa réaction ? « Cool, on a au moins deux points communs ! » Cette authenticité nous a permis de construire une relation solide basée sur la compréhension mutuelle.
L’amour de soi, préalable à l’amour de l’autre
Avant de pouvoir être pleinement soi-même en couple, il faut apprendre à s’aimer. Cliché ? Peut-être. Mais tellement vrai. Quand on ne s’aime pas, on attend de l’autre qu’il comble ce vide, ce qui mène droit à la dépendance affective.
Comme le dit si bien Irène Orce, psychologue que je suis depuis des années : « Aucun amour n’est suffisant pour combler le vide d’une personne qui ne s’aime pas elle-même ». Quand j’ai compris ça, j’ai arrêté de chercher frénétiquement quelqu’un pour me « compléter » et j’ai commencé à construire ma propre vie épanouissante.
La dépendance affective crée un déséquilibre dans le couple : l’un est toujours en attente, l’autre se sent sous pression. Cette dynamique toxique finit par étouffer les sentiments et la spontanéité. À l’inverse, l’autonomie affective te permet d’avoir envie d’être avec l’autre tout en étant épanoui(e) seul(e).
Si tu vis actuellement une période de célibat, profites-en pour te reconnecter à toi-même, découvrir ce qui te rend heureux(se) indépendamment d’une relation. Le bonheur est décuplé quand on est bien dans sa vie et dans son couple, quand on voit son partenaire comme « la cerise sur le gâteau » plutôt que comme une nécessité vitale.
Alors, faut-il être soi-même ou se vendre un peu en amour ? Ma réponse : sois toi-même… progressivement. Authentique mais pas brutal, vrai(e) mais pas sans filtre. Car la plus belle histoire d’amour est celle où l’on peut être pleinement soi-même, avec quelqu’un qui nous aime précisément pour ça.